Auto-stop
par Mickael le, 12/03/2007J'ai vécu cette histoire en 2003, au moment de la canicule, alors que je revenais du Midi en voiture avec un copain, en direction de Paris. A hauteur du péage de Lyon, nous apercevons un jeune mec blond d'allure sportive, entre 20 et 25 ans, un vrai Viking, qui faisait de l'auto-stop. Nous l'abordons : il s'appelle Johann, il est luxembourgeois et rentre dans son pays. Nous lui proposons de l'emmener jusqu'à l'aire de stationnement de Beaune, à condition qu'il participe aux frais d'essence et de péage, ce qu'il accepte sans la moindre discussion.
Arrivés à Beaune, nous tombons de haut : il nous avoue avoir perdu son argent et tous ses papiers sur son lieu de vacances. Peut-être espérait-il s'en tirer ainsi ? Mon pote lui propose alors de régler le litige au strip-poker : s'il gagne, il ne nous devra rien, mais s'il perd, on se remboursera sur les affaires qu'on lui aura piquées. Il accepte en rigolant : "Pas de problème, je suis naturiste. et puis, de toute façon, je gagne toujours à ce genre de jeu"...
La partie s'engage dans un coin tranquille un peu à l'écart de l'aire de repos, derrière le motel. Au début, nous le laissons gagner pour le mettre en confiance, mais Johann se méfie : il commence par jouer son sac de voyage et ses affaires de rechange, retardant au maximum le moment où il devra retirer les fringues qu'il porte sur lui.
A un moment donné, je me retrouve en mauvaise posture, torse nu et pieds nus, tandis que Johann me regarde d'un air narquois : j'ai l'impression qu'il me réserve un gage plutot salé si je me retrouve à poil... Et voilà que mon copain en rajoute: "Attention, Mickael (c'est mon prénom) ! ! ! Si tu te perds, je te largue à poil au bord de l'autoroute et tu devras te débrouiller pour rentrer à la maison par tes propres moyens"... Je n'en mène pas large, mais j'arrive à récupérer ma chemisette à la levée suivante...
Puis, le sort se retourne au détriment de notre jeune auto-stoppeur : après avoir perdu toutes ses affaires de rechange, il doit ôter tour à tour ses baskets, ses chaussettes,son tshirt et son jean. Il n'a plus maintenant sur lui qu'un pauvre boxer-short !
Adoptant un ton enjôleur, il esquisse un sourire faussement timide et tente de négocier : "Si on en restait là ? Avec tout ce que j'ai déjà perdu, vous avez de quoi rentrer largement dans vos frais, non ?" Malheureusement pour lui, mon pote se montre intraitable : "Un pari, c'est un pari ! On doit aller jusqu'au bout du jeu... mais rassure-toi ! Comme on est sympas, on te laissera quand même quelque chose !"
La partie recommence. Je perds à nouveau ma chemisette, avant de la récupérer de justesse. Cette fois, c'est Johann qui est obligé de mettre en jeu la seule chose qui lui reste, son boxer-short... qu'il perd aussitôt : le voici à poil ! Il tente encore de plaisanter : "Ben voilà, j'ai perdu ! Mais vous allez me laisser quelque chose, non ?" Alors, mon pote lui tend une paire de baskets et un vieux bob qui traînaient au fond du sac de voyage et lui dit en rigolant : "Les baskets, tu en auras besoin car, crois-moi, il te reste encore un bon bout de route à faire, et elles te permettront de courir plus vite si tu fais une mauvaise rencontre ! Et le bob, il te servira pour protéger ta tête du soleil, à moins que tu ne préfères l'utiliser pour cacher autre chose ! Ouaf ! Ouaf ! Ouaf !"
Sur ces mots, nous avons abandonné Johann, l'auto-stoppeur imprudent, à son triste sort sur l'aire d'autoroute de Beaune, derrière le motel, vêtu seulement d'un bob et d'une paire de baskets, et nous sommes remontés dans la voiture, emportant ses affaires en guise de souvenir ! ! !